Au temple Sichansayaram à Sayabouly

Nous partons sur les pistes poussiéreuses à l’ouest de Luang Prabang pour rejoindre la province du Sayabouly. Le bac nous permet de traverser le Mékong et d’atteindre cette province coincée entre le fleuve et la Thaïlande. Nous atterrissons dans la chef-lieu du même nom : Sayabouly.

Une douce ambiance règne dans cette ville étendue qui se compose de plusieurs villages. Les fumées des cultures sur brûlis baignent la ville dans une atmosphère ouatée et laissent deviner les montagnes alentours. La musique est omniprésente et à toute heure du jour ou de la nuit on peut entendre à proximité ou au loin une de ces musiques laotiennes ou thaïlandaises entraînantes qui rythment le pays. Les coqs, les chiens, les tambours ou les cloches des temples participent la nuit à la bande son feutrée de la ville. Quant aux odeurs, les fumées des grillades dominent. Les habitants sont très accueillants et les Sabaï dii  tout sourire fusent à longueur de journée. Tout cela dans le calme et dans une joie de vivre contagieuse.

Un séjour réussi à Sayabouly se compose de beaucoup de petits riens, il n’y a pas de grosses attractions touristiques. Chanceux, nous rencontrons dès le premier jour deux novices du temple Sichansayaram : Mo et Odé.

Ils sont tous deux avides de conversation en anglais et on s’entend très bien. Nous les rencontrons tous les jours et partons en vadrouille ensemble. Comme en Chine, avec le père de Rong : on sait quand on part mais on ne sait pas quand on rentre et surtout ce qui va nous arriver entre les deux. En chemin, d’autres moines curieux se joignent souvent à nous. Pour commencer, nous avons droit à un cours particulier de tressage de feuille de cocotier.

Le lendemain, nous les rejoignons à 7H pour aller au réservoir de Nam Tien que nous n’atteindrons qu’après moult rencontres et péripéties : démonstration de filage de laine chez l’ancien professeur d’anglais d’Odé, petit-déjeuner offert par Bounsong dans son temple (un novice qui nous dispense des cours de bouddhisme express !), balade dans le pick-up d’un électricien bouddhiste, recherche vaine d’un arbre saint, déjeuner au restaurant avec vue panoramique sur le réservoir, tentative de traversée en barque pour visiter une réserve d’éléphants, démonstration de kung-fu d’Odé… .

Si au début nous étions peu à l’aise avec les usages bouddhistes des futurs moines, nous nous sommes vite sentis très bien en compagnie de Mo et Odé. Nous nous sommes également rendu compte que certains moines sont moins à cheval sur les préceptes que d’autres.

Depuis notre arrivée au Laos, nous essayons sans succès de gouter le mok d’œufs de fourmis. Mo nous propose d’acheter des œufs de fourmi au marché et de les cuisiner chez sa famille qui habite à 27 secondes du temple ! Alors que nous en trouvions dans tous les marchés, impossible d’en trouver dans celui de Sayabouly. Qu’à cela ne tienne, Odé se propose de nous accompagner au marché chinois de l’autre coté de la rivière pour en trouver. En chemin, nous nous arrêtons au temple ou il étudie. Nous visitons l’école et la bibliothèque entourés d’une multitude de jeunes novices et de moines. Nous rencontrons également des nonnes qui se font généralement plus discrètes.

Repartis dans notre quête avec un moine de plus, nous nous arrêtons chez un cousin d’Odé pour boire un verre d’eau et bavarder. A coté de chez son cousin, Odé nous propose de jeter un œil aux maisons d’une minorité laotienne. Nous tombons alors sur un ancien professeur de notre ami en pleine installation dans sa nouvelle maison. Pas le temps de dire ouf, et nous voila assis dans une pièce aux cloisons de bambou avec un formidable festin face à nous. Au menu : soupe de canard, lap de canard, nouilles au lait de coco, riz gluant et herbes en tout genre.

Au milieu de repas une nouvelle assiette arrive, Gabrielle s’enthousiasme pour ce qui semble être un coulis de fruit rouge aux herbes mais c’est Thomas qui dégustera cette gelée de sang de canard !

Ce repas s’accompagne de Lao-Lao, l’alcool de riz national, pas mauvais mais un peu fort !

Finalement, nous ne trouverons pas les œufs de fourmi mais nous sommes ravis de notre journée. Pour le retour, Odé nous propose un raccourci : couper à pied par la rivière !

En rentrant au temple, nous aurons droit à notre horoscope bouddhiste et à une visite dans la famille de Mo. Sa maman et sa grand-mère sont très accueillantes.

Entre deux rendez-vous au temple, nous découvrons la ville et la gastronomie locale. Le serpent ne nous tente pas trop mais on se laisse tenter par les khao nom khok, des petits flans au lait de coco préparés dans de beaux petits moules.

Le petit en-cas que l’on trouve partout ici ce sont les mikuaphan, des nouilles de riz accompagnées d’une sorte de confit d’oignon aux herbes roulés dans des feuilles de salade. C’est bon mais un peu écœurant.

On ne pouvait quitter la région sans goûter la soupe de tripes de buffles, Thomas se dévoue pour un grand bol. C’est goûtu ! Sérieusement, c’est bon mais très fort en goût et un bol entier d’un coup c’est un peu trop.

Pour Thomas, le top de la cuisine de rue de Sayabouly et sans conteste la soupe de nouilles au porc croustillant. La poitrine de porc bien grasse est cuite au barbecue et son goût est à tomber par terre. Nous en mangerons au moins une fois par jour.

Gabrielle se concentre sur le poulet grillé au barbecue accompagné de l’inévitable khao neo, le riz gluant laotien. Préparé à la vapeur et conservé dans de superbes paniers, c’est un régal.

Pour le dessert, on se laisse tenter par des pâtisseries bien colorées dont le goût d’œuf très prononcé nous laisse sceptiques.

Pour les pique-niques, on achète des salades de vermicelles aux herbes, cacahouètes et fleurs de bananier à mélanger directement dans leur sac gonflé d’air.

On finit ce petit tour gastronomique par une photo de nos traditionnels petits-déjeuners laotiens, le bouillon de nouille accompagné de beignets à tremper et de thé.

Notre séjour à Sayabouly se termine par un boun au temple Sichansayaram. Il s’agit d’une fête bouddhiste et tout le village participe. Tout le temple est décoré et une grande kermesse à lieu dans la cour. Les enfants, et les plus grands, s’essayent à de nombreux jeux d’adresse mais la plupart des stands sont identiques : tir aux fléchettes sur ballons gonflables. Si vous éclatez 3 ballons vous pouvez gagner une boisson.

Les fidèles font des offrandes aux temples durant toute la journée et la soirée.

Le temple est utilisé de manière très conviviale et les chants folkloriques prennent souvent le pas sur les prières. Il y a également de la musique, une piste de danse et de grandes tablées pour manger et boire.

Le lendemain matin nous nous levons à 5H30 pour dire au-revoir aux moines avant notre bus. Ils sont déjà à pied d’œuvre pour accueillir les offrandes de riz gluant des fidèles. C’est également la fête pour les poules qui récupèrent la part offerte à Bouddha !

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4 comments on “Au temple Sichansayaram à Sayabouly

  1. Ah làlà, que de choses !!
    Je me serais bien laissée tenter par le serpent, peut-être un peu plus grillé, quand m^me. J’aimerais tellement vous rejoindre aussi… snif alors !!!
    Bonne bouffe les morfaloux !
    DES GROS BISOUS

  2. Coucou,
    Mais non c’est l’effet du Lao-Lao, l’alcool de riz !
    Nous aussi on a bien hâte de vous voir.
    Bise ;)

  3. j’ai trop hâte d’arriver ! je veux goûter de tout (enfin presque !!)

    Gabrielle sur la photo avec les yeux fermés, tu communiques avec les esprits ou bien c’est une réaction à la gelée de sang de canard ?