Wwoofing chez la famille Fujiwara

Nous voici à Kyoto après une dizaine de jours un peu hors du temps. Nous étions chez Savo, Noriko et leurs deux enfants Ikari (4 ans) et Yuuske (8mois). Savo et sa famille vivent dans une vieille ferme traditionnelle et essaient de vivre en autosuffisance. Pour cela ils cuisinent et se chauffent au feu de bois, ils font pousser leurs propres légumes (ils sont essentiellement végétariens) et herbes aromatiques. Ils font leur propre miso, sake et mirin (les bases de la cuisine japonaise avec la sauce soja), ils entretiennent leur maison avec des matériaux de récupération… . Il serait difficile de résumer sans caricaturer ce qui les a poussées à vivre ainsi. Il y a diverses raisons qui ont suscitées d’intéressantes discussions entre Savo et nous ainsi qu’entre Gabrielle et moi. Sans rentrer dans les détails voici un petit panorama de notre semaine dans les montagnes. Nos hôtes sont d’une gentillesse incroyable et nous nous sommes vraiment sentis bien dans cette famille malgré nos différences de mode de vie et de pensée parfois.

Durant notre séjour, nous étions Gabuchan et Tochan (chan étant le diminutif affectif). C’est assez drôle car Gabu c’est pour les japonais le bruit que l’on fait en mangeant, on pourrait traduire Gabuchan par glups-glups. Dans un dessin animé ça serait un mange-tout. Quant à Tochan c’est un diminutif couramment utilisé pour dire papa ! Nous étions dans les montagnes à coté d’un petit village, au fond d’une vallée où coule une rivière et (malheureusement) passe une grande route. La nuit nous avons entendu des cerfs sous nos fenêtres, les cochons sauvages sont nombreux et nous avons été mis en garde contre les ours qui descendent la nuit dans la vallée pour trouver de la nourriture. Ces derniers sont très friands de kakis, nous l’avons constaté sur de nombreux plaqueminiers aux branches arrachées et aux troncs griffés.

Une journée type débute à 6H du matin, il faut allumer le feu qui nous permettra de cuisiner le petit-déjeuner.Ce dernier est un véritable repas et nécessite un peu de temps c’est pourquoi nous vaquons à différentes occupations, principalement culinaires, jusqu’à 7H30. Si vous souhaitez aller aux toilettes, il faut sortir et découvrir les joies des toilettes à l’ancienne (Savo récupère le papier pour allumer le feu et nos productions pour ses champs) ! A 8H après le petit-déjeuner composé de soupe miso, riz, salade et quelques légumes ou fruits, on commence à travailler. Ce qui est bien dans ce wwoofing c’est que nous avons des tâches très variées. Au début, nous avons récolté les haricots de soja que nous avons mis à sécher pour préparer le miso.

Par la suite nous avons bêché les champs, enlevé les cailloux du riz (long et fastidieux), préparé le miso, mélangé le fumier à la terre… .

Je suis devenu expert en bûcheronnage dans la montagne et à la ferme (pour les différents poêles de la maison il faut de petites buches en grand nombre surtout à l’approche de l’hiver), ainsi qu’en bricolage en tous genres (fenêtre, rideaux, plafond, construction de cadre pour les tableaux de Savo…).

Gabrielle s’est spécialisée dans l’épluchage et l’épépinage de Kakis qui sont ensuite mis à fermenter, et dans le collage de lamelles de Kimono ! En effet, Savo, en plus d’être fermier pour se nourrir, réalise des tableaux et des sculptures sur bois. Il a une exposition très prochainement et nous l’avons aidé à réaliser ses cadres. Il utilise une technique japonaise traditionnelle qui consiste à entourer ses peintures et calligraphies par de fines lamelles de kimonos anciens.

A 10H c’est la pause thé avec un kaki, comme le répète Gabrielle tous les matins cela fait déjà quatre heures que nous somme debout ! Nous reprenons le travail à 10H30 mais Savo est très bavard et nos discussions dépassent généralement le temps de pause. On s’arrête à 11H30, on déjeune à 12H après avoir donné un coup de main à la cuisine. L’après-midi on travaille de 13H30 à 15H et de 15H30 à 17H avec une sympathique pause goûter et discussion.

A 17H c’est l’heure du bain, la température est difficile à régler car l’eau chauffe au feu de bois mais on s’en sort plutôt pas mal et on prend de bons bains brûlants. Tous les soirs nous avons la primeur du bain et c’est bien agréable. On dîne à 18H30, après avoir aidé Norichan à la cuisine. Le soir on a un peu de temps pour nous et pour internet mais on tombe vite de fatigue. Généralement, on dort à 21H !

La préparation du miso :

Le miso est un ingrédient de base de la nourriture japonaise, à chaque repas on boit une soupe avec du miso. Il s’agit d’une pâte faite à base de haricots de soja et de riz fermenté. Nous avons participé à la première étape, la préparation du Koji. Il faut faire fermenter avec une sorte de levure du riz qui sera ensuite mélangée aux haricots de soja. Le riz doit être parfaitement propre et cuit avec soin, pendant 4 jours nous le maintiendrons ensuite entre 30 et 40 degrés.

Gabrielle mélange les jarres de miso en fermentation :

Ici nous avons très bien mangé, et nous avons profité des délicieux légumes du potager. Cela nous a fait du bien une petite cure de légumes car il faut le dire la nourriture japonaise de base n’est pas très verte et assez riche.

Nous avons mis la main à la pâte, c’est agréable de cuisiner. Gabrielle a fait des crêpes pour le petit déjeuner et pour notre dernière soirée nous avons préparé un repas français. En entrée : bruschetta et tartare de tomates à la ciboulette, en plat : poivrons et aubergines farcis à la ratatouille, gratin dauphinois et purée de patates douce, en dessert : gâteau au chocolat et sa compotée de kakis vanillée. Ils ont été surpris par les saveurs (il est rare qu’ils mangent sans vinaigre, mirin, sucre, sauce soja ou sake, et surtout sans riz), et l’organisation du repas en 4 temps. Cette organisation permet de manger chaud à leur grand étonnement ! Nous avons fait notre pain qui n’a pas levé mais qui était bon. Concernant le fromage, on a fait avec les moyens du bord et l’on a du se contenter d’un gouda douteux provenant d’Hokkaido.

Le gâteau au chocolat tartiné sur du pain, un concept japonais:

Nous avons fini cette semaine pleine de découvertes par un jour de congé et nous sommes enfin allés dans un grand Onsen. Nous n’avons malheureusement pas de photos mais croyez nous sur parole c’est exceptionnel. Il s’agit de grands bains d’eaux thermales. Les hommes et les femmes sont séparés. Nous rentrons chacun de notre côté. Après s’être déshabillés, nous découvrons dans le plus simple appareil les bains intérieurs et extérieurs. L’ambiance est calme et détendue. On se lave consciencieusement avant de pénétrer dans les différents bassins. Pour cela on s’installe sur un tabouret devant une sorte de coiffeuse avec miroir, jet de douche, robinet, bassine, shampoing et gel douche à disposition. Les bassins sont à 40°c, 34°c ou très froids. Ils sont aménagés avec des belles pierres de montagnes et de l’extérieur on jouit d’une belle vue sur les monts alentours. Il y a également un sauna (où vous pouvez regarder la télévision) et des douches aux jets puissants. C’est très agréable de déambuler nu au soleil et on se sent très vite à l’aise. En fond sonore, une petite musique japonaise type chant de noël passe en boucle. Une fois sortis du bain, on peut profiter d’une grande salle de repos avec siège massant.

On peut faire la sieste sur les tatamis et les coussins, regarder la télévision ou boire une bonne bière fraîche. Ce Onsen dispose également d’un restaurant où nous avons mangé de bonne sobas (nouilles de sarrasin) froides, ainsi que d’un supermarché de légumes et de souvenirs alimentaires variés.

 Sans transition, nous sommes aujourd’hui à Kyoto, la ville la plus visitée du Japon, on vous raconte cela très vite.

Et pour finir, une sympathique petite bête des montagnes de Kamikawaguchi, c’est une espèce qui se loge sous la peau et suce le sang !

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